CHAMPION DE LA COURSE À PIED
JEAN-BAPTISTE
BÉLAND, L’HOMME-CHEVAL
Jean-Baptiste Béland est né à Saint-Siméon de
Charlevoix le 19 avril 1904. Il a été adopté à l’âge de 6 mois par Léa
Godin et Adolphe-Baptiste Béland à Sainte-Clothide de Porneuf. Il est un
indien montagnais d’origine. Il est arrivé à Vallée-Jonction en tout
premier lieu à l’âge de 1 an. Jean-Baptiste Béland est un adepte de la
course à pied dès sa tendre enfance. Il mentionne qu’il a toujours fait de
la course pour s’amuser. Lorsqu’il est tout jeune, il va à l’école à la
course et en revient à la course, une distance d’un mille et demi. Il
travaille aux Etats-Unis et dans l’ouest canadien pour le Cirque
Emile, il gagne également sa vie sur les fermes et dans les chantiers.
Au début des années 30, il est monnaie courante d’assister à des
compétitions sportives dans les différents villages de la Beauce. C’est
d’ailleurs lors de ces compétitions, que le nom de Jean-Baptiste Béland se
retrouve sur la sellette pour la première fois.
En septembre 1932, on annonce
au public qu'il y a des amateurs de course à pied qui organisent un grand
marathon. La course doit se dérouler le dimanche 11 septembre 1932, de
Beauceville à Saint-Georges, soit une distance de 8 milles. Elle s’adresse spécialement
aux amateurs de Beauce, Frontenac et Dorchester et il n’y a pas de limite de
coureurs.
À ces marathons sportifs, (il y en a
presque à toutes les semaines) les coureurs sont commandités par différents
commerces et on prend la chose très
au sérieux.
Ce dimanche, 11 septembre
1932, est une grande journée sportive pour la Beauce. Il y a joute de balle au
champ, à Saint-Georges, grand marathon à Sainte-Marie et courses à pied de
Beauceville à Saint-Georges. Ces dernières courses remportent un grand succès.
Elles sont organisées par M. Armand Veilleux, de Saint-Georges, elles comptent
plus de quinze amateurs qui sont inscrits dans ce marathon.
Les coureurs partent en face
de chez M. Laflamme, au petit village, situé au pied de la côte du Rapide du
Diable, dans les limites de la paroisse de Beauceville. Plus de cinquante
automobiles suivent les péripéties de la course.
Le premier à entrer dans les
limites du village de Saint-Georges est M. Jean Baptiste Béland, qui porte les
couleurs des autos Chevrolet, pour le garage Gédéon Roy, de Beauceville. Béland
franchit cette distance en 41 minutes. Il est entraîné par M. Gaspard Grondin,
de Beauceville, l'un des meilleurs coureurs de la région.
Jean-Baptiste Béland établit par le fait même un record de course à pied pour la Beauce, qui n’a jamais été battu.
Béland est suivi de près
par M. N. Daigle, qui porte les couleurs de la maison P. F. Renault Ltée. M.
Daigle parcourt la distance de 8 milles, en 42 minutes.
M. Louis Rodrigue de
Saint-Georges, qui court pour M. Rodolphe Marcotte arrive troisième. Ils sont
suivis par MM A. Rodrigue, représentant de Miner Rubber et Barney Rancourt. Les
autres coureurs entrent un peu plus tard. De Saint-Georges, il y a une dizaine
de coureurs enregistrés.
Dans la même journée, mais à
Sainte-Marie, se déroule un festival sportif qui remporte un vif succès lui
aussi, il attire une foule de 1500 spectateurs. Au programme de Sainte-Marie, il
y a courses de chevaux, courses en auto, course du sac de sable, capture du
cochon huilé, courses à bicyclettes et courses à pied.
Sautons au 14 septembre 1958,
alors que deux grandes courses sont organisées simultanément au profit de l’O.T.J.
de Vallée-Jonction. La première course consiste en une épreuve à pied
d’une distance de 7 milles. Le départ se fait de la pâtisserie J.-A. Vachon
& Fils de Sainte-Marie et l’arrivée a lieu au terrain de jeux de Vallée
Jonction.
L’autre course en est une
à bicyclette, le départ se fait à Saint-Georges et l’arrivée est le
terrain de jeux de Vallée-Jonction. Jean-Baptiste Béland s’inscrit à la
compétition de course à pied, il est âgé de 55 ans.
Lors de cette épreuve, le
gagnant de la course à pied est Henri Létourneau avec un temps de 39 minutes
55 secondes. Jean-Baptiste Béland, quant à lui, termine le trajet en
avant-dernière place (18e sur 19 coureurs) avec un temps de 51
minutes et 25 secondes.
En fier compétiteur qu’il
est, Jean-Baptiste Béland n’accepte pas de terminer en avant-dernière place,
c’est sans doute pour cette raison qu’il s’inscrivit l’année suivante
comme « attraction spéciale. » Jean-Baptiste Béland a l’idée de
s’atteler à un sulky et de tirer une personne. L’inspiration lui vint sans
doute du Japon, où c’est un moyen de transport couramment employé à cette
époque.
Jean-Baptiste Béland inscrit sur son sulky (en très mauvais anglais) « Poney Fass » pour « Poney Fast » (le poney rapide).
Plus de 20 000 personnes assistent à cette compétition et la prestation
de Jean-Baptiste Béland remporte un vif succès. Sa nouvelle carrière vient
d’être lancée. Et son personnage d’homme-cheval débute son envol.
Les journalistes ne tardent pas à modifier le surnom de Jean-Baptiste
Béland. De « Poney Fass », il devient « Poney Face »
ce nouveau surnom lui reste jusqu’à la fin de sa carrière.
Jean-Baptiste Béland a
perfectionné son personnage au fil des années. Comme on peut le voir sur les
différentes photos, en 1959, il commence avec un simple attelage. En 1960, il
ajoute une bride à son équipement. En 1961, toujours soucieux de bien rendre
son personnage, il se munit d’un mors. Bon comédien, il fait la bête qui ne
veut pas écouter. S’il est mal dirigé, il va jusqu’à se jeter dans le
fossé. C’est en 1962, qu’il
enfile son costume rouge, ce qui devient par la suite, sa marque de commerce.
Jean-Baptiste Béland fait l’objet de curiosité non seulement à cause
de son personnage de cirque mais également grâce à sa merveilleuse condition
physique. Un article paru dans le journal, Le
Soleil du 24 novembre 1967, résume assez bien tout le personnage de
Jean-Baptiste Béland.
Ce sont les concitoyens de M.
Béland, qui, en parcourant une étude sur le légendaire Alexis Lapointe, ont
fait connaître l’existence de leur champion. Alexis Lapointe est mort en 1924
et, il passait pour battre un train à la course.
À l’encontre du coureur légendaire, M. Béland a monnayé son étrange
endurance. On le voit lors de carnavals ou de fêtes populaires. Il se déguise
en cheval, s’attelle à un sulky et promène les amateurs. Il demande 2 $ du
voyage. Jean-Baptiste Béland a un immense plaisir à entretenir son personnage.
Il raconte qu’il a des genoux de cheval ou encore, il hennit lorsque l’on
touche son nez.
Jean-Baptiste Béland est mort, le mardi 5 novembre 1996, à l’âge de
92 ans, à l’hôpital L’Assomption de Saint-Georges.
Jean-Baptiste
Béland était-il fou? Pas le moins du monde. Ce n’était qu’un homme fort
original. Il est bien évident que mit à part son personnage de cirque,
Jean-Baptiste Béland était un athlète extraordinaire. C’est pour cette
raison que je lui dédie le titre du PLUS GRAND ATHLÈTE DE LA BEAUCE. À quand le trophée JEAN-BAPTISTE BÉLAND ? ? ?